Les cris d’un voyageur Burundais
Prendre un voyage dans mon «Petit Pays», c’est choisir de mourir indirectement… Oui Mesdames et Messieurs, chez moi voyager d’un endroit à un autre, d’une province à une autre; c’est prendre une corde et se la mettre sur son cou aveuglément. Vous ne me croyez pas? Ecoutez mes cris !
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Assis dans la voiture avec « …celle qui m’allaita…» au volant, je tenais dans mes mains mon téléphone scrollant sur Facebook comme d’habitude. Et là qu’est-ce que je vois? Un Bus tombé dans ce qui semblait être une sorte de fossé.
-Oh mon Dieu, Maman regarde !! Criais-je en tournant le téléphone vers ma mère qui conduisait les yeux rivés sur la route.
-Qu’est ce qu’il y a Caru? Me répond-elle
-Un Bus vient de faire un horrible accident !!
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Elle ne m’a pas répondu mais j’avais remarqué le choc qu’elle avait eu en voyant cette image. Plusieurs questions et interrogations ont traversé mon esprit mais la plus pertinente restait « Voyager au Burundi, n’est-ce pas comme choisir sa propre mort? »
RN-1, ce grand cimetière…
Chaque fois que je fais une petite escapade en dehors de Bujumbura, surtout quand je prends la très bouillonnante « Route Nationale Numéro 1 », mon esprit est submergé par ce dilemme «Profiter de la beauté de mon beau pays ou prendre conscience que je risque la mort sur ce maudit RN-1».
Cette route qui mérite un épisode dans « Les Routes de l’Impossible », à elle seule fait couler des larmes, décimer des familles, ruiner et handicaper des milliers de personnes. Véritable colonne vertébrale de l’économie Burundaise, il est aussi un véritable cimetière à ciel ouvert. Deux semaines ne peuvent pas passer sans qu’un accident ait lieu… Mais ne tombons pas dans le piège de croire que seul cette route est responsable de tous les morts, ce pauvre, sa seule malchance est d’être le chemin le plus emprunté du pays que ce soit du côté des personnes ou des marchandises. Mais cela ne justifie pas non plus tous ces morts, il doit y avoir un coupable et un coupable humain…
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Trouver le coupable
« Sont coupables :
-les conducteurs des véhicules de transport incompétents et négligents
-les ingénieurs civils qui construisent des routes non-résistants
-les conducteurs ivres ou en excès de vitesse
-les autorités qui ferment les yeux aux défis et problèmes liés aux transports des biens et des personnes au Burundi
– Etc »
Voici comment j’aurais aimé devant un juge, l’entendre inculper tout le monde responsable des morts et handicapés des accidents routiers au Burundi.
A lors moi humblement, je vais voyager le cœur et l’esprit en paix ; profiter du charme des collines de Muramvya, regarder à travers la fenêtre de la voiture pour me perdre dans l’immense beauté des champs du thé de Teza, sortir ma tête pour sentir mon visage se faire caresser par ce vent froid de Bugarama,…
Alors Mesdames et Messieurs, comprenez mon émotion.
Audry Carmel IGIRANEZA
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*Ce texte n’engage que son auteur et non la rédaction