Au-delà de l’image: Nisabwe raconte…
On dit que l’image vaut mille mots. Derrière chaque cliché immortalisé, il ya toute une histoire, une expression artistique, un souvenir, une leçon. L’auteur de l’image s’exprime et nous embarque avec lui «au-delà de l’image».
On était de retour d’une descente sur terrain effectué dans l’une des communes de Muramvya. Arrivée sur un dos d’âne, un engin qui transportait le carburant a ralenti, tout d’un coup quelques gamins se sont mis à courir derrière ce camion-citerne. Ils étaient déterminés, avaient visiblement tout calculé. L’insouciance était remarquable.
Ce qui a attiré mon attention ?
Se rendaient-ils à Bujumbura comme les autres gamins qui pullulent dans les boulevards ? Je ne saurais pas le dire. Mais je retiendrais de ce geste de ces gamins la détermination de prendre son destin en main. Ils voulaient se déplacer, mais n’avaient pas de moyens. Alors ils ont pris le courage à deux mains.
Nombreux sont les adultes qui ne sont pas content du tout de la place, ou la vie qu’ils mènent, mais restent impuissamment sans rien faire.
En courant vers ce camion, j’ai vu des gamins qui partent à la recherche de l’opportunité. Ont-ils imaginé ce que nous autres de la voiture d’après en pensaient ? Notre opinion comptait même ? Non ! Ils savaient ce qu’ils voulaient, et la seule manière de l’obtenir c’était de courir et s’agripper, telle une lionne court derrière un buffle afin d’avoir de quoi mettre sous la dent.
Ces gamins étaient solidaires. Ils ne pouvaient pas monter en même temps sur cet engin. Ceux qui parvenaient de monter, faisaient de la place aux autres et les encourageaient. On devrait se serrer les coudes, se soutenir. N’est-ce pas que quand toute la bande réussit il y a moins de jaloux, plutôt moins de soucis. En fin de compte on veut tous être content.
J’ai vu en ces petits inconnus un esprit d’équipe. Figurez-vous que quand un parmi m’a vu prendre mon appareil photo, il l’a signalé au reste de l’équipe et ont décidé de se cacher le visage. Il pouvait se taire et s’épargner à lui seul de circuler sur les réseaux sociaux sans sa volonté. Mais il a pensé aux autres.
Tout le monde ayant déjà sa place, les gamins semblaient profiter du voyage. Pensaient-ils aux risques qu’ils couraient ? Le plus important est qu’ils se déplaçaient …ensemble.
Armand NISABWE