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Nsubiza Iteka: Redonner la dignité aux filles-mères, sauver la jeunesse future!

Elles s’appellent Aline, Claire, Audrey , Epiphanie,… On les appelle les filles-mères. Souvent prises comme prostituées, elles se battent jours et nuits pour l’avenir de leurs enfants. Mais elles en sont incapables sans l’aide de la communauté et de leur voisinage. Action for Women’s Rights “AWOR” s’est proposée à aider ces jeunes femmes dans leur projet intitulé “Nsubiza Iteka”.

Dans le Burundi traditionnel, avant le mariage, que ça soit par viol ou par consentement, une fille enceinte était jetée dans un ravin “igisumanyezi” pour être lapidée. Telle était  la sentence finale de la fille “indigne”.

Aujourd’hui, la société burundaise a appris à accepter ces filles. Mais à une condition ; aucun privilège ne leur est offert ” kubaharira ivomo“. Elles sont souvent  mises à l’écart. L’école s’arrête par là. Leur carrière professionnelle est parfois bloquée. D’autres sont chassées par leurs familles et vivent en vagabond dans des maisons en chantier. Des conditions de vie très difficile pour l’avenir de leurs petits.

Qui plus est, beaucoup d’entre elles sont en dessous de l’âge de procréation. Dans les annales du Magazine Jimbere du 21 septembre 2020, 93 abandons ont été enregistrés au cours de l’année scolaire 2019-2020 en Province de Ngozi. La principale cause : les grossesses non désirées. Chaque province a ses chiffres. Une des statistiques qui montre le danger qui ronge notre société.

 

Aline de Karusi recevant de l’aide de la part d’AWOR.Image:© AWOR

Elles témoignent…

Souvent ou aussi fréquemment, la pauvreté est l’agent déclencheur du vagabondage sexuel. La fille voit tout espoir du bien-être dans le mariage. Ainsi, elle y met tout son cœur lorsqu’elle rencontre un qui lui avoue ses sentiments oubliant que des profiteurs et des arnaqueurs se cachent derrière les mots doux que leur lancent ses faux prétendants.

« Il a refusé que l’enfant était à lui. Après la naissance, l’enfant ressemblait trop à son père. Mais il a disparu. Depuis lors, j’élève mon enfant seule.» témoignage Dusabe Claire qui a été engrossée par un ami qu’elle connaissait à peine. A cette époque, Claire étudiait en 7ème fondamentale. Aujourd’hui, elle ne veut plus retourner sur le banc de l’école. Pour elle, la vie est trop dure, vaut mieux s’occuper de l’avenir de sa fille.

Aline Haragirimana , native de Karusi.

Après avoir abandonné l’école en troisième primaire, elle a décidé de migrer en ville à la recherche du travail. À Bujumbura, elle travaillait comme nounou. Après deux ans, elle a rencontré un gar avec qui elle s’est mise en couple. Elle est tombée enceinte, se retrouvant ainsi obligée de quitter son petit boulot pour louer une chambrette. Le garçon quant à lui, il a disparu. Ne sachant pas où le trouver, elle se battait ici et là pour trouver quoi manger. Voyant que la vie devenait impraticable, Aline a repris la route vers la maison familiale. Un mauvais accueil la fit rebrousser le chemin vers Bujumbura où elle vit jusqu’aujourd’hui « Il y des jours, je sors sans savoir où je vais dormir car il ne faut pas que le boss sache que je dors dans sa maison !» finit-elle. Actuellement, elle dort dans une maison en chantier où elle est obligée de se cacher lorsque son propriétaire vient faire le contrôle des travaux.

Il y en a plein à narrer ici mais le plus important est de prendre ces cas au sérieux. Car les enfants provenant de ces relations bientôt seront grands. Les uns seront des enfants étoiles ” mayibobo” avec un seul destin : la prison. D’autres resteront près de leurs mères mais leur éducation sera boiteuse. Alors pourrions-nous dire que nous voulons le Burundi meilleur, le Burundi de demain si dans ce Burundi d’aujourd’hui, il y a 200, 300 ou plus d’enfants “bo Burundi bwejo” errant dans nos rues?

Photo de famille des membres d’AWOR. Image©:AWOR

Une aide à tout prix !

Pour répondre à ces questions, les activistes devraient prendre les choses en main. Car ces derniers sont plus proches des concernées. C’est dans cette optique qu’à la date du 19 Septembre 2020, l’organisation non-gouvernementale Action for Women’s Rights “AWOR” en sigle, dans son projet “Nsubiza Iteka”, a effectué une visite au Clinic Hope de Kinanira IV aux mères-célibataires des quartiers Sud de la mairie de Bujumbura.

Des lots constitués de haricots, riz, bouillie, farine, matériel de cuisine, habits,…et les serviettes hygiéniques  a été octroyé à 20 femmes démunies. Madame Dacia Munezero, directrice de AWOR a informé que bientôt ces femmes auront des Cartes d’assurance Maladie ( CAM). Ensuite, elles suivront des formations en entrepreneuriat et si Dieu le permet, elles auront un petit capital pour commencer leurs propres business.

Le ministère ayant la Solidarité dans ses attributions devrait voir des lois qui protègent ces filles-mères et leurs enfants. Les particuliers et la société civile pourront ainsi créer des centres de rééducation et de réintégration car cette progéniture bientôt grandira. Qui sait qu’il y aurait un président parmi eux, au lieu d’avoir des voleurs  qui inondent les prisons ?

Romaine BUKURU

 

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