SOCIÉTÉ

Les femmes sourdes : La communication constitue un handicap majeur

Ce vendredi le 12 mars 2021, au centre communautaire de Bujumbura, l’Association pour l’Auto-Développement des  Femmes Sourdes du Burundi (ADFSB) a organisé  un atelier d’information et de formation des femmes sourdes sur les droits des femmes et la Convention Internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées (CIDPH).

« En organisant cet atelier, nous voulons d’abord faire connaitre au public que nous existons. Ce n’est pas seulement ça. Nous entendons parler des droits des femmes et la convention internationale relative aux droits des personnes handicapées. Toutefois, la majorité des femmes sourdes ne les connaissent pas. Jusqu’aujourd’hui, personne n’a pris l’initiative d’informer et de former les femmes sourdes sur les droits des femmes et la convention relative aux droits des personnes handicapées. C’est pour cette raison que nous avons organisé cette séance d’information et de formation des femmes sourdes sur leurs droits » a dit Bernadette Ndayisenga, la représentante de l’ADFSB.

Et de continuer : « Avant de revendiquer nos droits, nous devons d’abord les connaître ».

Madame Adelaïde Nyigina, Présidente et représentante légale de l’UPHB, et membre du comité exécutif au Forum Africain pour les Personnes Handicapées (FAPH), dans sa présentation, a revenu sur les droits des femmes en général et les principes de la convention relative aux droits des personnes handicapées.

« La présente convention a comme principes le respect de la dignité intrinsèque, de l’autonomie individuelle, y compris la liberté de faire ses propres choix, et de l’indépendance des personnes, la non-discrimination, la participation et l’intégration pleines et effectives à la société, le respect de la différence et l’acceptation des personnes handicapées comme faisant partie de la diversité humaine et de l’humanité, l’égalité des chances, l’accessibilité, l’égalité entre les hommes et les femmes, et le respect du développement des capacités de l’enfant handicapé et le respect du droit des enfants handicapés à préserver leur identité » a souligné madame Adelaïde Nyigina.

Elle a aussi indiqué que les femmes doivent jouir des mêmes droits que les hommes. Par conséquent, elles ont droit à l’éducation, au travail, à la santé, droit de s’exprimer, droit de ne pas subir de violence sexuelle, droit de voter, droit d’être élue, droit d’entrer dans un contrat légal…

Femme, victime de la discrimination sociale

En se basant sur certains proverbes et préjugés, madame Adelaïde Nyigina dit que dans la société la femme a longtemps subi une discrimination basé sur son genre. Ce sont par exemples :

« Ntankokokazi ibika isake iriho » (Une poule ne chante jamais en présence de coq. Cela signifie que la femme ne peut jamais prendre la parole en présence des hommes).

« Les hommes sont des chefs naturels des ménages »

« Les hommes sont des meilleurs leaders communautaires que les femmes ».

Quant à madame Adelaïde Nyigina, ce sont des croyances non fondées limitant les opportunités des femmes. Au contraire, les femmes sont capables. Il ya même des proverbes qui glorifient les activités des femmes dans la famille et dans la communauté. Ce sont entre autres :

« Umugore ni umutima w’urugo » (la femme est le pilier de la famille).

« Umuhusha tunga ahusha umugore » ou « Uwukurusha umugore akurusha urugo ». (Celui qui a meilleure femme a meilleur ménage).

Qu’en est-il pour les femmes sourdes ?

Les personnes handicapées font en général l’objet d’une discrimination sociale. Cependant, l’ampleur est grande pour  les femmes sourdes.

«Nous, les femmes sourdes, sommes triplement discriminées. Premièrement, nous sommes discriminées en tant que femmes dans la communauté. Deuxièmement, nous subissont la discrimination faite aux personnes handicapées. En troisième lieu, Nous nous voyons plus discriminées par rapport aux autres personnes handicapées à cause de la communication limitée dans la société » regrette madame Bernadette Ndayisenga.

Madame Adelaïde Nyigina ne va pas dans le sens contraire avec Bernadette. Par ailleurs, elle ajoute que les femmes sourdes sont soumises à des nombreux obstacles. Elles n’ont pas accès aux actualités, à l’éducation, à la santé, à la justice…

« La langue des signes n’est pas connue par tout le monde. Cela les empêche de se faire soigner, de porter plainte en cas de viol, d’aller à l’école comme les autres à cause de l’absence des écoles suffisantes spécialisées à leur enseignement » indique madame Adelaïde Nyigina.

Et d’ajouter : « Celles qui ont eu la chance d’aller à l’école ont le problème d’avoir un emploi, ce qui est un handicap à leur développement économique »

Que faut-il faire ?

Madame Bernadette Ndayisenga lance un appel à l’état de mettre en application la loi nationale de la promotion et de la protection des personnes handicapées. En plus, la sensibilisation de la communauté sur les droits des femmes en général et sur les femmes handicapées en particulier et l’enseignement de la langue des signes à tout le monde seraient plus importants.

Madame Adelaïde Nyigina, à sa part, fait un clin d’œil aux femmes sourdes que personne ne peut militer à leur place. Elles doivent prendre le devant pour la défense de leurs droits et leur dignité.

Cet atelier a été organisé à l’occasion de la journée internationale de la femme qui est célébrée le 8 mars de chaque année.

Frédéric NTAKIMAZI

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