SOCIÉTÉ

L’indifférence des passants

Les rues donnent souvent lieu à des faits loin d’être anodins qui attirent l’attention. Vols, bagarres, des gens psychotiques ne nous laissant pas indifférents, des déchets éparpillés au coin des rues, rien ne manque au menu. Face à ces faits maintes fois pris à la légère, une ribambelle de personnes passent leurs chemins ou s’arrêtent pour observer tel un spectateur sans bouger le petit doigt.

 Les victimes du harcèlement ou de la maltraitance dans les rues ne cessent de s’indigner de l’indifférence des passants. Accaparés par leurs problèmes et leurs tâches quotidiennes, seule une poignée de passants est prête à s’engager pour défendre les problèmes des inconnus ou ceux qui veulent aider déclinent cette pensée à cause des “Qu’en dira-t-on”. Ils adoptent donc l’indifférence, fermer les yeux pour ne pas s’attirer des ennuis.

 Tous pour le changement

 Ici et là, les femmes se plaignent des mauvais traitements qu’elles subissent dans les rues. Sarah, une étudiante, nous raconte une anecdote:”Un jour, je me rendais tout près de la banque BNDE quand un inconnu vint m’aborder voulant me toucher, je me suis débattue sous les regards amusés des passants, j’ai dû me sortir seule de la situation.”

 Hormis soutenir les gens en détresse, les passants sont également insensibles aux déchets se trouvant un peu partout comme dans la ville de Bujumbura. Paul, un scout nous en parle: “Certains weekends, notre famille scout se rassemble pour enlever les déchets entassés dans les caniveaux au centre ville. Quoique nous faisons des efforts, je suis tout de même contrarié par les passants qui continuent à jeter des objets par terre.” Jeter des objets par terre, cela devient une habitude commune en plus de l’absence des poubelles même en pleine centre ville. Paul interpelle alors les gens par ces mots:” Petits et grands, nous devons nous mobiliser afin de faire changer les choses, éviter de jeter les objets par terre, ne pas fermer les yeux aux problèmes et contribuer au changement car nous sommes le Burundi de demain.”

 Trop c’est trop

 Les bagarres qui ne peuvent manquer au programme donnent souvent suite à des drames à cause d’un retard considérable des passants afin d’agir. Leur réflexe étant d’abord de jouir de ce moment, d’autres, plus empathiques observent choquer, la main sur la bouche. Une mère témoigne:” Un jour, j’ai vu deux personnes se battre car l’un refusait de rembourser 500FBU. Personne ne voulait intervenir alors que la bagarre ne cessait d’empirer. Soudain, je leur ai crié dessus, leur demandant d’arrêter et que j’allais leur donner cet argent puis après quelques minutes d’autres ont aussi intervenus”.

 Avec un brin de mélancolie dans la voix, elle poursuit :”Si je n’avais pas réagi ce jour-là, peut-être qu’ils seraient hospitalisés. Pourquoi ne pas se demander: Si c’est notre enfant qui était dans une situation pareille, que ferions-nous?”

Dans le Burundi ancien, les gens étaient plus serviables, prêts à même héberger un inconnu voulant se reposer en cours de route. Par contre, de nos jours, ils se préoccupent plus de leurs affaires qu’ils omettent le plus important : être au service des autres. Une phrase pouvant mieux exprimer cette indifférence des passants vis-à-vis de maux de la société est sans doute une citation de Martin Luther King:” Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants, c’est l’indifférence des bons”.

 Laurie Karell ITEKA

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