SOCIÉTÉ

Le Burundi et Israël unis contre la mortalité néonatale : Une formation cruciale en réanimation

Une délégation de docteurs israéliens spécialisés en soins d’urgence néonatals est actuellement au Burundi pour une mission visant à renforcer les capacités locales en réanimation néonatale. Cette initiative, menée avec le soutien de l’Ambassade d’Israël à travers MASHAV, l’Agence israélienne de coopération internationale au développement, a pour objectif de réduire durablement la mortalité infantile dans le pays.

Une formation pratique pour sauver les nouveau-nés

La délégation, composée de sept spécialistes israéliens et d’un pédiatre néonatologiste ivoirien, tous experts en néonatologie, soins intensifs et formation par simulation, apporte à la fois son expertise et du matériel de pointe.

Le Dr Meir Ezra Elia, néonatologiste et membre de la mission, a clairement exprimé l’objectif central : « On est ici pour avoir des séances de formation et d’échange d’expérience en vue de renforcer les capacités des équipes médicales de différents hôpitaux du Burundi, afin de sauver la vie de nouveau-nés en améliorant les compétences en réanimation néonatale et en garantissant une transmission durable des connaissances médicales ».

La formation, qui se déroule sur plusieurs jours, rassemble des médecins de grands établissements publics et privés, tels que l’Hôpital Militaire de Kamenge, l’Hôpital Prince Régent Charles, le Centre Hospitalo-Universitaire de Kamenge (Hôpital Roi Khaled), la Clinique Prince Louis Rwagasore, et Kira Hospital.

Au cœur du programme de formation se trouvent des notions essentielles, notamment : la « minute d’or », les techniques de ventilation de base et avancées, l’intubation, les pratiques de simulation clinique.

Le Dr Franck Kouadio, pédiatre néonatologiste ivoirien et membre de “Neonatologists for Africa”, a insisté sur l’importance cruciale de la première minute de vie d’un nourrisson. Il a souligné que près de 90 % des nouveau-nés qui décèdent le font durant cette minute. « C’est simplement en aidant à réduire les morts de ces bébés-là durant la première minute de vie » que l’on pourra réduire la mortalité infantile de façon « très drastique » au Burundi et en Afrique.

Outre la transmission de connaissances théoriques, la mission met l’accent sur la pratique et l’apport de matériel spécialisé pour les unités néonatales. Le Dr Kouadio a précisé que l’équipe a apporté des équipements pour améliorer la prise en charge des nouveau-nés en situation critique.

Le Dr Kouadio a rappelé les chiffres préoccupants de la mortalité infantile en Afrique. Les données de l’OMS et des ministères indiquent une mortalité infantile moyenne de 30 pour 1 000 naissances en Afrique, avec certains pays atteignant près de 67 pour 1 000, ce qui représente une mortalité « très, très importante ».

Il a mis en perspective cette réalité avec celle des pays développés : Aux États-Unis, la mortalité est de 6,5 décès pour 1 000 naissances vivantes. En Israël, ce taux est encore plus faible, à 2,7 pour 1 000.

« Vu l’expérience de ces pays comme Israël, qui ont un taux de mortalité infantile très faible, on a voulu venir au Burundi, pour pouvoir appuyer le Gouvernement à atteindre leurs objectifs de réduction de la mortalité infantile » a-t-il affirmé.

Le Dr Marc Nimburanira

Une initiative vitale saluée

Le Général de Brigade Dr Marc Nimburanira, Directeur général de l’Hôpital Militaire de Kamenge, a chaleureusement salué cette initiative qui répond à des besoins concrets sur le terrain. Il a évoqué des situations critiques passées qui ont révélé les limites techniques de son équipe, citant notamment la naissance de six jumeaux où, faute de préparation technique, deux enfants ont été perdus.

« Du coup, on a réfléchi sur comment on pourrait améliorer nos connaissances et notre plateau technique pour que cette situation ne se reproduise plus », a-t-il expliqué.

Pour le Général Nimburanira, cette formation est déterminante pour l’avenir : « La formation… va nous permettre d’acquérir des connaissances qui nous permettront de bien nous occuper de ces enfants qui naissent avec une instabilité hémodynamique, avec des difficultés respiratoires. Et comme ça, il y aura moins de décès à la naissance ».

Il y voit également un investissement majeur pour l’avenir du pays : « Tout enfant qui naît pourra grandir, arriver à l’âge adulte et contribuer au développement de notre pays, et à la vision du Burundi 2040-2060 ».

Coopération à long terme et transfert de compétences

Cette mission s’inscrit dans une dynamique de coopération durable entre Israël (via MASHAV), le secteur de la santé burundais et l’organisation NACHAM Africa. La finalité est d’assurer un transfert durable de compétences. La délégation a pour ambition de former des formateurs locaux qui seront capables de perpétuer et de diffuser les bonnes pratiques en réanimation néonatale après leur départ.

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