Recensement des chômeurs burundais : Des propositions de la part de la jeunesse
En date du 12 septembre 2020, le Gouvernement burundais a procédé au recensement de tous les jeunes burundais scolarisés qui n’ont pas d’emploi. Ce recensement était censé prendre fin lundi le 14 septembre 2020, jour qui a fini par être repoussé pour jeudi le 17 septembre à midi, heure locale. Aujourd’hui, après la fin de cette activité, les jeunes s’interrogent sur la suite, et émettent librement des propositions pour que leur avenir soit plus ou moins certain.
Ça y est ! Les chômeurs burundais inscrits. Du moins ceux qui l’ont voulu et pu. Un nombre de chômeurs s’élevant à 286515. Et pour quel objectif ultime ? Seul sait le « Leta Nkozi, Leta Mvyeyi ». Des chômeurs, les premiers intéressés de ce recensement, n’ont pas manqué à émettre leurs avis sur ce qu’ils pensent de la suite, ou tout simplement ce dont servira cette longue liste de chômeurs peuplant toutes les milles collines du «petit pays».
Une suite encore inconnue
« Eh bah, je me suis fais inscrire, mais à vrai dire je n’ai pas compris de quoi il s’agissait. Nous nous étions déjà fait inscrire avant. J’ignore ce que vise l’Etat. Je me dis qu’il veut connaitre le nombre de chômeurs se trouvant sur tout le territoire burundais afin de nous donner quoi faire ou nous intégrer dans coopératives comme c’est devenu le leitmotiv du gouvernement. », dit Claudia*, chômeuse depuis une année après son baccalauréat à l’Université du Burundi.
Nahimana*, jeune chômeur âgé de 30ans : «Moi je pense que l’Etat a voulu avoir une liste presque exhaustive des chômeurs dans une base de données. Et alors il pourra s’y référer dans les années qui viennent pour l’octroi des emplois. ». Pourtant, Nahimana doute de certains points comme le montant que les chômeurs estiment avoir besoin pour la réalisation de projets qu’ils auraient.
Pour rappel à ce titre, il y avait, dans une série de questions posées à chaque chômeur, le montant dont on a besoin pour démarrer son business. Il était à choisir à partir d’entre un et cinq millions de francs burundais, et plus. C’est à cet égard que Nahimana ne voit pas que le Gouvernement serait à mesure de financer chacun de part ce qu’il a proposé comme capital nécessaire.
David, lui, est un chômeur habitant à Kamenge. Il pense que ces chômeurs inscrits seront répartis dans des regroupements économiques pour réaliser ensemble quelque chose de générateur de revenu. Un regard un peu confus et pessimiste sur ces regroupements qu’il s’imagine, il s’exprime : « Je crois que ce regroupement des jeunes portera un caractère plus ou moins politique. Regardez, ce sont des jeunes de toutes les tendances politiques. Est-ce qu’ils ont cette maturité de coopérer et s’entendre sur une même vision avec une manière convenue de mener les affaires ? »
Et des propositions ?
Les jeunes interrogés par Ejo n’ont pas manqué à suggérer ce que leur dictait leur propre conscience. Nahimana reprend le micro et propose : « Dans les conditions normales, regrouper les jeunes ou leur proposer quoi faire pour se développer devrait se faire sans discrimination aucune ni de tendance politique ni de toute autre forme d’exclusion. »
Et David ne va pas dans le sens contraire. Par ailleurs, il semble compléter Nahimana. « S’il arrive que les jeunes soient regroupés dans des coopératives ou dans des associations, je proposerais qu’il y ait un comité de suivi afin que l’argent ne soit pas utilisé pour des fins purement personnelles ou à développer un groupe en défaveur d’un autre. Il sera mieux si tout est fait dans un climat global de confiance quitte à favoriser la créativité de chacun. »
A souligner que, jusqu’à cette heure, c’est seul le Gouvernement qui sait de quoi il fera cette liste des chômeurs burundais. De tous les jeunes interrogés, il en ressort la nécessité de faire usage du « wait and see ».
* : noms d’emprunt pour garder l’anonymat
Bolingo